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Espace dimensionnel - Space Fictions + Photos
Design, textes et photos eipho

mardi 19 juin 2007




Après

La bouteille de cendres voyageait à travers courants et marées.
Elle l'avait déposée là, au pied de cette digue, jurant de ne plus y revenir.
Souhaitant mettre fin à ces souvenirs, commencer une autre vie, oublier.
Marchant pieds nus dans la forêt et voulant se perdre un instant.



et si ?

Avant

Un pas derrière eux, descendant du train en marche,
restant un mètre au dessus du sol et voir le ciel à l'envers.
Comme dans son rêve.
Allongée, la tête dans le vide sur son lit, elle flânait devant sa télé en repensant à lui.
11H30 il était parti quai n°3 sans lui dire quand il reviendrait.
Sentiment d'abandon. Se laissant aller aujourd'hui jusqu'a ne plus vivre que par lui.
Fixée sur l'image du seul miroir de sa chambre, l'orange était dans sa coupe.
Quelques lettres là, écrites par lui, gisaient sur le sol et puis son odeur dans les draps.
Sourire ou pleurer, elle ne savait plus.
Quai n°3 dans ses bras, la serrant si fort.
Trop de passions s'étaient écoulées. Pour elle, il reviendrait et si alors ce n'était pas le cas, il l'appellerait sûrement.
Son cœur se décomposait, piégé par le doute.
Aucunes larmes ne pouvaient couler sur sa joue et pourtant.
Etendue, lasse, elle rêvassait dans une tristesse qui s'amplifiait.
Pourquoi cette orange là-bas ? Alors qu'hier quand il était encore ici, une pomme s'y trouvait ?
A t-on échangé sa vie ? Dans ses lettres, le mot "pour toujours" n'avait peut-être pas le même sens pour lui ? Elle qui lui avait demandé de l'aimer, au moins le temps d'un tour de cadran.

La lumière du jour qui se couchait dehors, plongea sa chambre dans une obscurité naissante, et l'orange devint verte, comme si 3 années s'étaient écoulées.
Elle se leva péniblement, sortit plus ou moins de sa léthargie, et prit l'orange dans ses mains.
C'est alors, qu'au-dessus d'elle, l'horloge se mit a reculer vitesse grand V et puis comme détraquée par le temps, toute sa chambre tourna autour d'elle, tel un manège de chevaux étourdissant.
Ce matin brusquement tout s'arrêta à 11H25.
Alors comme par réveillée d'une nouvelle conscience, elle sortit de sa chambre et courut, courut encore jusqu'au quai n°3.
Et devant la foule, elle sauta dans ses bras.
_ "Reste avec moi !" lui dit-elle, "reste avec moi".

Et lui tout d'un coup tomba en poussière.
Sa montre, pourtant indiqua 29, alors que, dans l'autre dimension la bouteille atteignit son but.
La mort s'apercevant s'être trompée, lui redonna vie, effaçant de leurs mémoires ce tragique incident.
Et de l'autre coté, l'orange retrouva sa couleur.

dimanche 17 juin 2007


Il n'y a pas de sons
aucune voiture
pas un seul piaf
aucune habitation
pas une seule âme
pour chance, un peu de vent...
..................
S'envole un nuage de poussière
je couvre mes yeux
un pas sur le coté
et trois pierres dégringolent
roulant comme ça
prenant de l'élan
pour dans un dernier saut
éclabousser et disparaître
au fond de l'eau..
..............
La masse liquide
réchauffée par le soleil
bercée par les flots
en devenait attirante,
alors pieds nus
sur les rochers de mousse
doucement vers elle, j'allais...
lentement rentrer, pour rester
quelques instants, immergé
les yeux fermés, dans une apesanteur relaxante.
......
Revenu m'oxygéner,
le dos flottant sur les vagues,
du bout d'un doigt, je touchais...
le ciel, sentant l'air passer sur ma peau mouillée
Mon corps, dans l'eau et le vent
je referme les yeux...
porté par le vent, balayé par la mer...
porté par le vent, balayé par la mer...
porté par le vent, balayé par la mer...

jeudi 14 juin 2007


Des formes, déforment le surplus.
L'opéra suit et essuie une descente ondulée
sur des flancs fluviales, immenses en rainures acoustiques.
Se perdant, il disparaît, sous les griffes d'une grille,
bouche d'égout cartonnée, il n'a plus pied.
La musique s'assourdit dans le noir
et l'on tend une oreille sensible au moindre ultrason.
Les lépreux sont où, se cachent-ils eux aussi,
ou évite t-on prudemment de parler d'eux ?

Ingurgiter de la salade et boire du vent diffusé à grande échelle,
voila tout ce qu'elles sachent faire, les formes climatiques.
De la paperasse en veux-tu on brûlera,
alors les braises forment une flaque, le ciel s'y noie, si noir
Sur elle, s'abattant de tout son poids, tu vois pourquoi ... c'est leur loi
Atmosphère ne lui avait pas dit, croyant avoir encore le temps.
L'insuffisante ne sait se retenir alors elle déborde sur les cotés
et nous glace les pieds, à nous, les formes antiques
qui marchons sur la tête, reculons au futur.
Elle se dit disperser par les foules, que tout est planifié,
l'assemblage de lettres, la manigance des mots, tout ça...
et puis, une table de citron, pour les réunions, trop vieille peut-être.
Alors elle s'assieds où elle peut,
oubliant vite le peu de confort
et voit les autres sortir par la grande porte,
celle qui ne se réouvre plus,
plonger dans l'infini.

Elle est toute ruinée mais elle se dit,
qu'ils seront mis en sûreté pour leur réveil dans l'haut de la, dans l'haut du si et du sol.
Pour ne pas être déformés par les formes climatiques de nuages formés aux formes fermées, la pâleur du sombre s'étant attaquée au pire...
La maigre peine travaillée en vallée sur des accords majeurs,
détruite à jamais, et les disciples de la perfection,
s'en vont en sifflotant, comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé.

Les mots seront la drogue interdite.

mercredi 6 juin 2007

La première fois que je suis allé en montagne, je fus très étonné par un troupeau d'ours en train de brouter dans un champ de marguerites. Mais ce qui me frappa le plus, fut ces bergers qui piquaient du bec contre l'écorce des grands sapins. De temps en temps, sous leur poids, les arbres se pliaient à l'horizontal et si les bergers y étaient agrippés à deux, malheur alors si l'un lâchait prise. L'arbre revenait immédiatement en position vertical, et l'autre se voyait propulser dans les airs, volant au dessus de la forêt et atterrissant au milieu d'un essaim de mille-feuilles épineux ou dans une colonie d'impalas déchainés qui s'en faisait des passes avec leurs sabots arrières. Parfois, il y avait des randonneurs qui descendaient en patin à roulettes, mais c'était rare. Aussi lorsque je suis arrivé en haut, une chose me stupéfia. Il y avait là un lac de sable et une maître-nageuse en kimono perchée sur un siège-échelle.

_ Quelle est donc cette mascarade, dis-je, où est la mer ?
En me montrant du doigt elle me répond le plus naturellement :
_ Là-bas.
Alors je me tourne et vois lentement arriver la mer de nuages.
_ On peut aller se baigner, demandai-je.
_ Bien sûr, mais il faut que je vous fasse une prise de karaté avant.
_ Euh... est-ce bien nécessaire ?
_ Tout à fait.
Alors elle se lève, descend et se dirige vers moi.
_ Non mais vous... Oh regardez derrière vous, un dromadaire de Camel enfumé !!!
Elle se retourne l'idiote, je cours mais me prends les pieds dans un câble électrique sauvage. Et en ¼ de seconde, la maître-nageuse se trouve devant moi, m'agrippe et me fait décoller grâce à une non moins célèbre prise qu'elle exécute au ralenti. J'applaudis, c'était magnifique.
Me voilà en train d'essayer d'attraper un de ces oiseaux-bouée. Je me faufile à l'intérieur, effectue un looping arrière et plonge dans la mer de coton.
De là, je fais un bras d'honneur à cette folle et rejoins le sommet de la montagne en face en nageant.

Mes amis je vous le dis, la montagne est peuplée d'êtres féroces, de sauvageons aux manières peu délicates, de rustres barbares et d'atroces visions qui vous hanteront pendant des semaines. Pour ma part, j'en garde un souvenir effroyable.
Pour ne pas totalement gâcher mes vacances, je suis parti les finir sur une plage du sud. Malheur, où avais-je encore mis les pieds ! Des moniteurs de ski veillaient à ce que tout le monde soit bien équipé, pour les faire descendre tout schuss depuis les dunes jusque dans la flotte. On n'en revoyait ressortir aucun.

_ Mon dieu, mais où est-ce que vous les envoyez, questionnai-je.
_ Ben ils arrivent en face, en Afrique, de là ils prennent leur élan depuis le haut des pyramides et reviennent en mastiquant gaiement leur tuba.
_ Incroyable !
Ce monde est-il devenu fou sans moi ? C'est vraiment pas juste.

lundi 4 juin 2007

Je sais que r_i_s avait déjà parlé de poux dans une de ses péripéties,
mais il fallait à tout prix que je vous raconte ma version.

Vous avez tous sûrement déjà entendu parler ou même constater de vos propres yeux
ou par ceux de quelqu'un d'autre... la surpopulation de certaines villes !
et bien c'est ce qu'il se passe sur la tête de bon nombre de chevelus en tout genre.
Alors un beau jour, Kranie la puce, eut une excellente idée,
faire fortune sur la tête des chauves.

Pour cela elle monta la plus formidable affaire de tous les temps.
Elle se tourna brusquement vers Gino le carrossier et lança:
_ ça y est je sais, il faut monter un stand de patins à glace !
La petite entreprise prit forme et pour remédier à la désertification des crânes lisses
les poux se faisaient dorer la pilule tout en patinant gaiement,
bref, le rendez-vous V.I.P. pour les vacances.

Ainsi du soir au matin, les foules se précipitaient faire la queue devant le stand qui ne désemplissait pas. Et les chauves, fiers de retrouver un crâne moins dégarni, en étaient extrêmement ravis.

Mais ce n'était pas tout, Kranie entreprit de conquérir le marché asiatique,
et plus précisément chez les non moins nombreux moines bouddhistes.
Kranie fut bientôt une star adulée, la reine des patins
mais du jour au lendemain, elle disparut.
De par son esprit aventurier et souhaitant agrandir ses affaires,
elle s'était mise en tête de coloniser les campings de naturistes.

_ En voila de la surface, se puça t-elle, ici je pourrai même ouvrir une chaîne de restaurants !
Mais par malheur elle mit la tête dans un endroit à vent, et par une énorme soufflerie fut bazardée dans une grosse masse molle et odorante se refermant sur elle, l'étouffant comme une moins que rien.
Elle lança un dernier sos à ses congénères, puis s'éteint.

Depuis, au dessus de chaque stand, un écriteau mentionne l'information suivante:
" Ne quittez pas vos têtes ! "

samedi 2 juin 2007

Le cannibale crève la dalle
et rencontre Chantal, toute pâle, un soir de bal
il l'amène chez lui dans le Cantal
un coin pas banal.
Elle prend sa malle, l'ouvre comme une pétale
sur le lit tout sale et s'étonne d'avoir oublié son châle
A sa gorge elle à mal car malade est la Chantal
Le cannibale quand à lui, s'affale
et se cale le bide avec une grosse balle
faisant office de casse-dalle
Demain c'est carnaval et il pourra savourer sa caille
L'animal s'imagine déjà un festin royal
car dans son monde infernal, la chair humaine est idéale
Le dernier bal de Chantal lui fut fatal
par une soirée d'une chaleur infernale
elle passa sous les crocs du gars pas normal
Et le lendemain dans le journal
le cannibale avouait, avoir perdu les pédales
sous les attraits de Chantal, qu'il jugeait impeccables.