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Espace dimensionnel - Space Fictions + Photos
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dimanche 1 juillet 2007


Il y eut un matin, un mois prochain, une nuit d'après, presque, une année.
Tard dans la pénombre, remuant son café, elle était assise là, tout près.

On le lui avait bien dit mais maintenant je sais,
elle dépeint d'une main une vie sans abonnés,
combien d'années ?
Le large rideau orangé tarde à s'ouvrir sur le théâtre de sa vie.
Malgré cela, le soleil réchauffe la pièce et avance sur sa peau comme l'ombre d'un marchand de sable. Doux teint senteur pèche, il court dans ses cheveux de toute leur longueur. Jamais il ne s'était plut à se perdre ainsi, et dans son dos, finit de faire disparaître les derniers frissons, de ces matins solitairement froids.

Sur la table, un stylo, son agenda, une coupe, quelques agrumes, un rouge à lèvre et puis, hormis ses amis et son boulot, le vide absolu.
C'était bien ce matin là, qu'elle se surprit, à regarder sa vie.
Toujours, ces mêmes gestes, toujours qu'une seule brosse à dent dans la salle de bain, toujours ces soirées seule devant la télé ou ne jamais sortir accompagnée.
Cacher aux autres ce cruel manque d'affection, regarder les couples s'aimer,
se détester, attendant un signe, quelque part, mais où regarder ? (soupir).
Elle avale son café, deuxième soupir, s'en ressert un pour la bonne cause
et puis tient, l'envie de fumer lui reprend, tant pis, elle arrêtera une prochaine fois, un paquet se trouve là, dans le tiroir de la vieille commode, sous les magazines.

Aujourd'hui c'est férié, peut-être une belle journée...
Elle enfile son peignoir, ouvre les rideaux et dans ses yeux, le soleil devinant l'humidité qu'il y régnait, vint les éblouir de toute sa splendeur, transformant pupilles sombres en rivière étincelante.
Elle cligne des yeux et de deux gestes, place la clope à ses lèvres comme une veille habitude et embrase l'extrémité à l'aide d'une allumette. Et puis, le plaisir à évacuer cette fumée des poumons, comme si tous les malheurs s'y échappaient en même temps, les souffler dans le vent, les voir s'évaporer.

Tout ça est ridicule, elle jette la cigarette et la regarde tomber, du haut de son balcon. Alors elle pense qu'elle aurait peut-être le temps de se consumer avant d'atteindre le sol, que du sixième étage, elle aurait peut-être le temps... elle. Qu'elle dans sa vie, elle le voit passer le temps, tous les matins devant sa glace, en échangeant seulement, quelques mots avec un combiné, sans abonnés.

Penchée à son balcon, sur la pointe des pieds, au-dessus des toits et antennes paraboliques, par ce beau matin de mai, elle murmurait en secret qu'elle se pardonnait.
En équilibre sur la rambarde, sa pensée légère s'étant égarée, elle était prête à s'envoler. Alors soudainement, la sortant de ses envies, un vieil ami vint lui rappeler, que tout n'était pas encore fini, et que si jamais elle avait besoin, elle pouvait appeler, le téléphone se mettant à sonner.

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