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jeudi 2 octobre 2008




C'est, quand le Cri Noir du Jars résonna trois fois sur la Plaine Accidentée
que l'Oublié des Mondes rencontra le grand Marcheur de l'Au-delà.

Jamais de mémoire d'ancien, il n'y eut ici pareille rencontre car
le temps lui-même s'arrêta pour observer.
On aurait pu croire aux duels futurs de ces étranges visions western.
Mais il n'en fut rien.

L'Oublié des Mondes s'avança et porta à son front sa main endolorie pour
en faire jaillir une pensée lointaine de paix, des mondes dont il venait.
Le Marcheur de l'Au-delà surplombant la colline, lança quant à lui
une poignée de graines mystiques entre eux deux.
Aussitôt, une route bordée d'arbramain s'élança de la terre
et permit la fameuse rencontre, sur un continent de lave et de haine
où les guerriers d'autrefois, y détruisirent leurs deux civilisations dans un bain de sang.

« Voici celle qui est » déclara le Marcheur de l'Au-delà.
« Et voici celle que j'arpente à présent » continua l'Oublié des Mondes.
Les deux hommes s'assirent et contemplèrent ce monde perdu.
« J'en ai vu d'autres » confessa l'Oublié des Mondes.
« Je le sais, et nous sommes de nouveau réunis »
Ensemble, ils ressentirent et virent la légende de cette Terre.

Le procédé obligatoire pour tout changement, ils le savaient, et ils devaient à chaque fois répéter l'opération. Un processus destiné à voir, sentir, comprendre, apprendre et évoluer. Tout cela était ancré en eux, comme une machinale opération mathématique, ils en avaient le devoir. Aussi se rencontraient-ils dans les temps différents, sous les ponts de trou noir sempiternel et quand le Cri Noir du Jars, résonnait à l'unisson.

« Voilà un monde qui s'est tu, dit l'Oublié des Mondes, mais à l'écouter, l'on entend encore ses lamentations »
« Oui, délivrons-le, il est grand temps » ajouta le Marcheur de l'Au-delà.

Ils préparèrent alors une cérémonie leur étant transmise par les Dieux eux-mêmes
et les éléments commencèrent à se métamorphoser tout autour des deux hommes.
Des lueurs rouges et bleues apparurent au dessus de leur tête, allèrent et vinrent puis s'amplifièrent, rentrèrent en eux pour en ressortir en plus grand nombre, changèrent d'allure et de forme, et la terre se mit a vibrer.

« Je suis celui qui a vu » clama de toutes ses forces l'Oublié des Mondes.
En effet, qui d'autre que lui, vieux de plusieurs milliers d'années et connaissant l'histoire de centaines et de centaines de mondes meurtris, qui d'autre que lui n'a autant vu. Qui d'autre que lui, chassé par l'injustice des hommes de pouvoir, s'emparant du trône lui étant destiné, jusqu'à même falsifier ses propres idées pour les mondes justes, qui d'autre que lui n'a autant vu.

« Je suis celui qui sait » tonna le Marcheur de l'Au-delà.
Et la foudre frappa la terre, faisant trembler le monde de l'enfer.
Un éclair venant du fin fond de l'univers, s'écrasa brutalement en un vacarme assourdissant.
« Je suis celui qui sait » gronda t-il encore les bras déployés.
Il savait. Voilà une chose importante. Il ne connaissait pas tout, mais il savait. Et qui d'autre que lui, grand marcheur du cosmos, en savait autant à part les Dieux.
Il savait car il avait foulé les Terres et les Dimensions. Il savait parce qu'il avait ressenti, toutes les énergies et bien plus encore. Il savait parce qu'il connaissait les formules des astres et galaxies.

Et l'Oublié des Mondes répéta « Je suis celui qui a vu »

Là, ils sentirent l'animosité, l'aversion d'une âme immense que les habitants d'ici avaient réussie à corrompre. De par leur haine et leur plaisir à s'entretuer, ils abimèrent et blessèrent l'âme de leur Terre. Celle-ci perdit alors le goût de vivre et commença à s'éteindre, à brûler, comme brûla autrefois, l'âme de ses millions d'habitants dans un irrécupérable manque de sagesse. La lumière s'étant éteinte dans leur cœur, ils commencèrent à propager les ondes noires de la vengeance, du massacre et de la mort.

Les phrases répétées des deux hommes sonnèrent dans la galaxie comme en une seule:
- Je suis celui qui a vu - et - je suis celui qui sait - se traduisit en:
" je suis celui qui sait voir "
La beauté de leur être apparut alors dans les entrailles des règnes célestes jusqu'à l'infini. A l'extrême opposition, l'âme de la Terre saccagée sur laquelle ils se trouvèrent forma une spirale d'ondes négatives. Nous avions là, le Yin et le Yang réunis.
La vie explosa, rien ne fut détruit hormis le mal passé, qui mourut sur-le-champ.
La lave se dématérialisa, devint une incroyable lumière aveuglante qui engloba tout, puis s'estompa peu à peu sur, un incroyable et magnifique nouveau monde.

Quand le Cri Noir du Jars résonna trois fois_
de nouveau, l'Oublié des Mondes et le Marcheur de l'Au-delà
furent dispersés dans l'insondable, les colossaux Big-Bang.


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