5002
Espace dimensionnel - Space Fictions + Photos
Design, textes et photos eipho

mercredi 11 mars 2009

- Séquence II -
suite de Illusionptique

_ Pardon ? Comment m'avez-vous appelé ?
_ Rôlignoble, Matthieu Rôlignoble, c'est bien votre nom ?
_ Non moi c'est Mat.
_ Oui Matthieu.
_ Non Mat.
_ Très bien, Mat Rôlignoble si vous préférez.
_ Non Mat tout court je vous dis.
_ Bien, quoi qu'il en soit voici votre nouveau nom : 420000.
_ C..co...comment ???

« Puisque je vous dis que c'est Mat ! »
Une phrase emportée comme une illusion dans la brume.

9.4.28 _ Phase de réveil – lumière intense et aveuglante – sensation de pureté.
Mat revient à lui. Chambre blanche. Hôpital de Lom ä Friius, 4ème étage.
Un membre du personnel se trouve devant la fenêtre, sa silhouette est trouble, opaque, et ses paroles raisonnent dans un brouhaha étourdissant. Puis petit à petit, les mots s'atténuent pour former une phrase distincte : « À quoi vous sert votre vie ? »
Mat se redresse et plonge dans la confusion, la stupéfaction et la crainte l'envahissent. Est-ce une coïncidence ? Pourquoi cette même question ? Alors il répond : « À vivre »
L'aide soignant s'avance vers lui et demande : « Pardon, vous avez parlé ? »

9.4.29 _ Toilette – petit déjeuner.
9.4.30 _ Sortie dans le parc.
Une femme s'avance. « Voici Lom ä Friius. Construit à la fin du XIXe siècle puis rénové dans les années 80, il accueille jusqu'à 500 patients. Enchantée je suis Louise. »
_ Moi c'est Mat.
_ Savez-vous que cet hôpital a fait l'objet de trois enquêtes policières ?
_ Je l'ignorai.
_ Dans les années 90, trois patients ont mystérieusement disparu les uns après les autres, à quelques mois d'intervalle. Étrangement, ces trois personnes portaient respectivement les numéros 420003, 420002 et 420001, mais ce qu'il y a de plus troublant, est dans le fait qu'elles affirmaient toutes s'appeler Mat.
Vertige. Effondrement.
Même pas une rampe où se retenir, même pas le plus maigre des repères à l'horizon.

On a beau vouloir sortir de ce que l'on croyait jusqu'alors être comme une réalité suprême pour se laisser lentement imprégner de la réalité du monde, les anciennes mesures se confondent encore et la véritable démarcation laisse place à des troubles encore plus visibles. Où alors, Mat est-il le seul à voir ce qui existe vraiment, et la réalité du monde le traite de fou parce qu'elle affirme être l'unique détentrice de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas. La vérité collective, où Mat ne se retrouve pas.

Passage sur Sorbalchiim, royaume de S-Tennh.

_ La saison est bientôt finie, il ne reste que peu de temps mais, gardons confiance. Il doute et c'est bon signe, cela veut dire qu'il n'a pas encore abandonné.
_ Il doute beaucoup trop, il ne sera pas prêt lui non plus, il va se faire manipuler comme les autres.
_ Laissez-lui le temps. Nous avons jusqu'au premier solstice et s'il ne s'est pas manifesté dans les temples de l'est, nous pourrons alors définir ceci comme un échec mais nullement avant.

Les prêtres et disciples se tiennent prêts autour des temples de l'est. La Salle de liaison est occupée par des médiateurs se relayant jour et nuit. Puis soudain.

_ Nous avons un signal, nous avons un signal !
Alors l'un des prêtres en position se décorpore, et envoie son énergie subtile dans la dimension parallèle. Jardin secret de tous les échanges.

Retour à Lom ä Friius.

Dehors, dans le parc, près du grand cerisier, il y a un homme évanoui.
Cet homme c'est Mat 420000.
Deux jours après le premier incident, Mat éprouva une étrange attirance pour l'arbre. N'ayant pas encore perdu ses souvenirs du « coup monté » ni d'une réalité qu'on s'obstinait à faire passer comme fausse, Mat déclara en son for intérieur vouloir connaître la vérité par lui-même. Que cet hôpital était borné dans ses croyances et que sa vision du monde n'était vu qu'avec des œillères. Mat d'un coup ne s'était plus senti perdu et avait surmonté ses premières faiblesses.
La réalité n'appartient qu'à soi-même, la vérité n'appartient qu'aux mêmes.

Dans un coin de l'espace, immatérielle, la dimension parallèle accueille deux entités.
_ Bienvenue étranger, comment se passe ta mission ?
_ Ma mission ? Vous voulez parler de ce fiasco ?
_ Non détrompes-toi, tu as réussi la première épreuve.
_ La première épreuve ? C'est une blague, j'ai failli devenir fou ! Allez-vous me dire une fois pour toute si tout ceci est bien réel ?
_ Qu'en penses-tu ?
_ Et bien je ne dors pas, il ne me semble pas halluciner et je crois être dans une parfaite lucidité.
_ Alors tu viens de donner toi-même la réponse. Aie confiance en toi, aie confiance en ce que tu vois, en ce que tu ressens.
_ Je peux sortir de cet hôpital ?
_ Bien sûr, il n'est qu'illusion. Tu te crées ce monde alors d'autres le bâtissent. Tu rends de ce fait une image de tes pensées réelle. Et celle-ci était une pensée de peur car tu t'es senti submergé par quelque chose qui t'effrayait, alors voilà pourquoi ces murs rassurants avec ces gens pour t'aider. Ils sont là seulement parce que tu les as matérialisés. Eux existent grâce à toi, et toi tu existes grâce à eux.
_ Bon sang, deux minutes, je ne comprends plus très bien là. Vous voulez dire que le monde dans lequel je vis est ma propre réalité de ce monde ? Et que d'autres y vivent avec leur réalité qui n'est pas forcément la mienne ?
_ Tout à fait. Le point le plus important est de toujours garder la foi. Croire comme vérité ce que l'on voit en sachant que ce n'est que Sa propre vérité. La réalité, c'est celle qui englobe toutes les vérités.
_ Attendez, expliquez-moi comment les autres peuvent bâtir le monde autour de moi par mes simples pensées ?
( Le prêtre sourit )
_ Les dimensions. C'est un peu compliqué mais je vais faire simple. Les idées des hommes, qu'elles soient émises ou non, silencieuses, intérieures, extérieures, peu importe, se retrouvent toutes dans un courant qui plane sans fin au dessus du monde depuis lequel elles émergent. Elles peuvent sillonner l'éther pendant des siècles avant que quelqu'un ne tombe dessus, mais elles peuvent aussi se disloquer dans une dimension parallèle, où elles auront comme plusieurs vies en même temps. Tu penses à un lieu où tu seras en sécurité, alors cette pensée est attrapée par d'autres qui réaliseront ton projet en pensant que c'est le leur puisqu'ils ont eux aussi pioché cette idée. Au final, tu te retrouves exactement là où tu t'envoies. Cela s'appelle la projection.
_ Excusez-moi mais je reviens à l'arbre, comment cela est-il possible ?
_ Le vaisseau était une première épreuve, l'arbre qui s'y trouve est bien réel et y demeure continuellement. Celui du parc à l'hôpital a été comment dire, modifié par nos soins quand nous avons su où te trouver. Il ne nous restait plus qu'à voir, si tu croyais encore ou pas. Mais maintenant il est l'heure, tu résistes déjà beaucoup mieux à la décorporation. Au revoir.
_ Attendez ! …

10.4.28 _ Réveil – incroyable luminosité – sensation d'apaisement.
Les choses commencent à devenir un peu plus claires, si ces choses sont bien réelles... Et les coïncidences, les signes, tout ça se répète.

10.4.29 _ Toilette – petit déjeuner.
Mat retrouve Louise dans le parc. Ils échangent deux trois phrases puis se souvenant de ce que lui avait dit le premier prêtre, il l'interroge :
_ Dites-moi, une question toute bête... combien sommes-nous sur terre ?
( Rires communicatifs )
_ Aux dernières nouvelles, 500000 je crois. Nous avons toujours été 500000 !

10.4.30 _ Mat quitte l'hôpital.
Avant de partir, un gardien lui lance : « À quoi vous sert votre vie ? »
Mat 420000 le regarde, il semble occupé avec la serrure de l'entrée. Pas d'importance.

Un bus l'attend, retour au pays.
« À quoi me sert ma vie ? À comprendre. Et puis peut-être, à trouver ma véritable réalité. »

Sur Sorbalchiim, dans tous les temples du sud, les prêtres se préparent pour le prochain contact. Couleur rouge, épreuve de la saison été.



L'arbre des transports

à suivre ici


2 Comments:

  1. Jub a écrit...
    Quelle jolie Histoire l'ami!!
    J'attends la suite!
    ariaga a écrit...
    Je pense que tu es en train de nous écrire un super roman d'hypothèse...Amitiés.

Poster un commentaire