5002
Espace dimensionnel - Space Fictions + Photos
Design, textes et photos eipho

dimanche 8 mars 2009

ou " Quand on arrive à dépasser l'agitation "

Blade Runner Blues - Vangelis




À ce stade, on visionne quelques photos de villes futuristes aux gratte-ciels surdimensionnés. Des villes de nuit éclairant le regard sur un rêve opaque étourdissant, horizon enivrant où l'on reste scotché tellement elles nous rappellent d'étranges sensations, comme du déjà vécu et puis, on se souvient.

La première douleur survient dans les mollets. Surtout penser à ne pas s'étirer et se le rappeler sans cesse. Mais par certains moments, ils se contractent d'eux-mêmes comme une boule prête à exploser. Alors le seul moyen de les voir se relâcher et de taper dessus pour que les muscles se détendent. Il n'y a pas d'autre alternative ou alors, il faut arriver à supporter une souffrance intenable.
Une atrophie éprouvante se fait ressentir petit à petit dans tout le corps. Là où le cerveau s'échappe dans les plus agréables sensations, le corps lui, affirme qu'il est encore le plus fort et retient l'esprit sur Terre comme s'il voulait en faire son prisonnier. « Ne pars pas sans moi, tente t-il à dire. »
Mais la décision est unanime, la voiture doit s'écraser pour arriver à la fourrière et le corps est également un véhicule. Seulement dans ce cas, c'est le temps lui-même qui se charge de pressurer l'inertie. Alors la souffrance projette plus loin et on rêve d'en finir au plus vite avec le propre carambolage de son ancienne route.

Ainsi le plafond devient peu à peu ces villes futuristes. On les regarde, on s'y perd. Et on s'imagine, comment on y était avant. Avant de s'égarer ici et tout recommencer. On a essayé de vivre, de réaliser une œuvre, de créer quelque chose et puis allonger sur le dos, on lève un bras dans le vide, vers un rêve que l'on aimerait enfin atteindre. Un rêve, un rêve qui n'est pas d'ici, pas de cette époque, un rêve d'ailleurs qui échappe presque à notre compréhension.
Le corps se crispe encore une fois, ça broie et ça déchire, le calvaire est la seule épreuve au passage. Et dans les moments d'un sommeil reposant, on se voit là debout, haut perché au milieu d'une immense mégalopole, la véranda grande ouverte, apportant toutes les effluves de cet avenir que l'on éprouve déjà, à l'intérieur de soi, dans les nuits mystérieuses de notre destinée.

Certaines villes futuristes pourraient être recouvertes de dômes de verre régulant le climat, se protégeant d'émanations toxiques rejetées à l'extérieur et des radiations du soleil à cause d'une dégradation quasi-complète de la couche d'ozone, mais cela serait alors comme d'abandonner ses rêves de liberté. Il faut voir plus grand et c'est justement vers cette amplitude que la rampe de lancement est dirigée.
Et puis il y a des visions qui ne trompent pas.

Il y a aussi cette drôle de sensation. L'impression que la vieillesse est un retour à l'enfance. Que plus le corps se meurt plus il adopte une position de fœtus, il se recroqueville comme pour se relancer, prêt à redémarrer. Mais quel tragique constat que de découvrir qu'attendre la mort, fait plus de mal encore que bon nombre de maladies et puis de toute façon, la mort n'existe pas vraiment. Seul se laisser emporter est une mort, abandonner. Or ici, on parle de toute autre chose. Atteindre l'au-delà, atteindre nos véritables visions, aspirations, ce vers quoi nous allons inexorablement et quel mal il y a t-il à vouloir y parvenir plus vite que son propre corps de mortel. L'esprit est le seul roi, il contrôle tout... sauf dans la dislocation d'avec son seul vrai véhicule, la division d'avec son dimensionnel transport d'ici-bas, le manque de synchronicité avec son enveloppe extérieure.

Le corps devient comme une pierre. Une pierre alors, ça a longtemps souffert avant de devenir ainsi. Plus elle est dure, plus son esprit est parti loin, très loin. Il vole probablement dans l'avenir entre des grattte-ciels illuminés d'une nuit cosmique éblouissante à jamais.


0 Comments:

Poster un commentaire