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vendredi 26 septembre 2008

Suite et fin


Dehors, derrière chez vous, sur un grand parking, il y a un homme qui marche.
Dedans, devant vous, traversant le centre commercial, il y a un homme qui marche.
Cet homme, ne prend ni escalator, ni ascenseur. Il n'est pas claustro, mais tient à conserver ses jambes.
Les marches, deux par deux, la marche, mains hors des poches, la face pas rasée et la vue, sur building noir et blanc, plante aux seins nus sur balcon verdoyant, un interphone, une porte s'ouvre.

Plus haut, loin de chez vous, une femme fume et attend sur un palier.
A mi-chemin, proche du rendez-vous, un homme en avance, vient pour le thé.
L'homme s'arrête, la femme sourit, et sans la quitter des yeux, il se saisit de sa cigarette puis la jette d'un revers de main, dans la cage de l'escalier.
La vue se déplace et plonge à pic. La fumée tourbillonne, descend lentement les étages et s'écrase, comme un champignon de nuage vaporeux, autour de la dernière, immobilisée, inerte, devant le vieil ascenseur.
Pendant ce temps, on se dévisage, on se sent, on se rapproche, attirance alchimique, parfums légers mais intenses d'une peau, grain de sable et paupières battant la mesure des souffles. Narines palpitantes, envies saisissantes, attractions poignantes, boutons chemise ouverte, doigts croisés de deux mains sur les corps, disparaissant. Une porte se ferme, du seul mouvement d'un pied.

14H02, un homme et une femme prennent le thé, nus, sur un lit baldaquin.
Lumières tamisées, bleu intense, mélange des sens, bleu intense, ça tourne, bascule et se bouscule, alors l'homme se souvient, les paroles de Chun Mee.

Flash-back c'est un, à présent.
L'homme après quelques temps, ayant recontacté la femme, avait stipulé un voyage imprévu à l'étranger pour justifier, cette trop longue absence.
42 boulevard Marx Flower, monte avec moi, lui avait-elle demandé, c'était il y a six mois, six mois pendant lesquels, la femme avait travaillé dans la rue, se faisant ramener par les taxis de nuit ou bien, marchand pieds nus, les talons à la main, sous la pluie de ces étranges ciels à l'écho, solitairement vide.

L'un comme l'autre ne parlait plus.
À la lumière bleue, l'homme s'est rappelé et l'homme s'est cramponné.

Au bas de l'immeuble, le feu avait pris.
Vieilles fondations, rez-de-chaussée enflammé, extase d'un rêve de thé.
L'homme et la femme ne sont plus qu'un.
Leur chambre décolle, le septième ciel atteint, l'homme se retient, saisissant les draps, plus rien en pesanteur, tout se détache, tout s'éloigne, tout se défait, les murs s'écroulent, quittant la terre.

L'homme et la femme sont du thé, programme 360 degrés.
L'homme reconnaît alors sa femme, son ex-femme, l'homme se souvient et se rappelle aussi avoir oublié, avoir inventé. Sa femme n'est ni décédée, ni disparue, c'est elle, là, elle devant ses yeux, l'autre, celle qu'il croyait être une autre.
Le déclic, l'homme retrouve la mémoire. Mais la femme ayant cessé d'espérer, s'évanouit à l'instant comme une tasse de thé planante et plonge par une des fenêtres, une de celles, qui sont dans les pensées enfouies de l'homme.

La femme est dans l'homme, à ce moment, l'homme n'existe plus.
La femme venant d'achever, son premier roman.


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