5002
Espace dimensionnel - Space Fictions + Photos
Design, textes et photos eipho

mardi 19 février 2008


Tout ce qui fait l’homme en ce moment est en train de tourbillonner sur 360 degrés et de s’engouffrer dans chaque rue de la ville. Toutes les formes et couleurs se mélangent et la vitesse de rotation augmente pour mieux trouver une stabilité de l’image.
L’homme est du thé, l’homme est dans le programme, l’homme est le programme.
L’homme se voit dans le programme errer dans les rues de la ville en direction de l’hôpital.
L’homme à l’hôpital est arrivé trop tard, la femme est déjà morte alors il prend sa voiture et sur une route qu’empruntait autrefois la femme, il y a un accident. Un terrible accident où la voiture de la femme n’a pas réchappé et l’homme s’aperçoit chercher la femme mais ne la trouve pas.
L’homme est de nouveau dans sa voiture en train de suivre une tasse en direction de chez lui.
L’homme entre, pose ses clefs et se voit la seconde d’après, immobile devant la fenêtre de son bureau, s’apprêtant à lancer une tasse. Soudain le rêve se brise. L’homme est réveillé.
L’homme a été réveillé par le bruit d’une tasse de thé se brisant dans la cuisine.
L’homme se lève et constate avec effroi, les débris et éclats d’une tasse brisée en morceau ainsi que du thé répandu en une flaque opaque au beau milieu de la cuisine. L’homme ouvre une penderie, en sort un balai, une pelle et une serpillière. L’homme nettoie et repart se coucher avec la nette certitude que ce rêve est dangereux, néanmoins l’homme qui souhaitait autrefois être du thé aimerait renouveler l’expérience.
Il est 19 :48 quand l’homme le lendemain soir arrive devant un immeuble gris et s'apprête à sonner au deuxième interphone partant du haut de la troisième colonne.
Quelques secondes après une femme répond et le système de déverrouillage de la porte d’entrée de l’immeuble s’enclenche.
Il est 19 :49 quand l’homme entre dans l’ascenseur et appuie sur le bouton du troisième étage.
L’homme en sort et se dirige vers une porte entrebâillée au fond du couloir, la femme fait son apparition. Elégante et très belle sont les mots qu’aurait voulu dire l’homme, mais l’homme offre à la femme simplement un bouquet de fleurs, une bouteille de vin et du thé.
L’homme se sent bien, se sent mieux, la femme tient la conversation, la femme est intelligente et raffinée. Le repas et la soirée se déroulent très bien. L’homme et la femme ont bu et se plaisent mutuellement mais l’homme tient ses distances, non pas dans ses gestes qui restent parfaitement modérés mais dans la discussion.
Il est 22 :33 quand l’homme une fois le repas absolument fini demande à préparer du thé.
Il est 22 :37 quand l’homme invite la femme à s’asseoir à ses côtés après avoir envoyé sa tasse par le balcon et d’en visionner le programme ensemble sur le canapé.
La tasse cette fois-ci ne montre rien que des champs, des forets, des cours d’eau puis de belles montagnes avant de se perdre et disparaître avec les couchers de soleil des bords de mer.
L’homme n’y a pas trouvé satisfaction mais l’homme ne le montre pas. La femme quant à elle, à cet instant précis, aimerait être du thé.
Il est 00 :12 quand l’homme et la femme se quittent, 00 :12 quand la femme se glisse dans les bras de l’homme et lui souhaite une bonne nuit.
L’homme après une vingtaine de kilomètres arrive chez lui, retire ses chaussures et part se coucher en contemplant silencieusement le visage de sa défunte femme trônant sur la commode dans un cadre de cuir marron.
Cette nuit là dans son sommeil, l’homme est du thé. Cette nuit là dans son sommeil, l’homme voit sa femme lui sourire et l’appeler. A son réveil l’homme qui se souvient n’aurait pas souhaité se réveiller. Alors l’homme se vide entièrement l’esprit avant de partir au travail pour ne plus penser. L’homme est très actif et fait plusieurs choses à la fois, l’homme n’aime pas rester inoccupé et se charge lui-même de son emploi du temps. L’homme a de nombreuses idées, de nouvelles façons de faire dans son activité professionnelle très efficaces, qui plaisent aux alentours notamment pour leur rapidité.
Alors l’homme à peine rentré chez lui, pense qu’il a comme une double vie. Une dans laquelle il a simplement besoin de se concentrer sur ce qu’il sait, de laisser aller la routine et l’expérience et où il n’y a pas de place aux sentiments et aux souvenirs. Puis l’autre où il se sent en proie avec lui-même, se posant continuellement des questions et en cherchant inlassablement les réponses.
Ce jour il n'aimerait être que du thé.


0 Comments:

Poster un commentaire