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jeudi 21 février 2008


Voilà quelques mois de passés. Plus aucune tasse de thé n’a été bue, plus aucun programme n’a été visionné et l’homme a l’impression d’avoir provoqué la colère du temps car il vit désormais un véritable cauchemar. Sa femme, celle qui pense avoir ramené à la vie et qu’il ne reconnaît plus, est devenue radicalement odieuse, irritable, jalouse et paranoïaque, toutes sortes d’adjectifs aussi glorieux lui seraient également attribuables. L’homme est étranger à cette femme et l’homme depuis 2 semaines préfère vivre à l’hôtel, l’homme depuis 2 semaines regrette ce qu’il s’est passé et s’il avait su, l’homme n’aurait rien tenté et laissé le temps au temps. Mais en contrepartie, il y a une nouvelle qui n’est pas passée inaperçue et qui a déclenché un vif intérêt chez l’homme depuis quelques jours.
Lundi matin arrive par voie ferroviaire, un stock important de thé. Celui-ci serait disponible dans les rayons en début d’après-midi. Celui-ci apporterait peut-être de nouvelles réponses dans ses programmes, l’homme le savait et ne pouvait continuer à vivre ainsi.
Il est 14 :02 quand l’homme entre dans le magasin et s’apprête à acheter 3 ou 4 kilos de ce thé. L’homme regagne rapidement son hôtel et l’homme se prépare une tasse de ce thé qu’il n’a plus bu depuis des mois. L’homme est le programme, le programme est l’homme.
Deux heures plus tard, l’homme revient enfin à lui. Allongé sur le lit de cette chambre d’hôtel, l’homme se met à sourire, l’homme a revu la dernière femme, celle du magasin et l’homme pense qu’elle n’est pas vraiment morte, sauf s’il ne fait rien. Elle vit dans un endroit du programme, dans un souvenir précis et l’homme voudrait inverser le cours des choses. L’homme sait à présent laquelle des 2 femmes il aime véritablement, tout est beaucoup plus clair. L’homme sort de l’hôtel et rejoint sa voiture.
Il se dirige maintenant vers cet immeuble où, autrefois, logeait la femme qu’il avait rencontrée et qu’il a fait disparaître dans le programme par la suite. Il y a à la place du nom au deuxième interphone partant du haut de la troisième colonne un nouveau nom, mais l’homme n’hésite pas et sonne. Au bout de quelques instants une personne lui répond, alors l’homme lui demande si une femme portant tel nom et qu’il connaissait autrefois habitait bien là auparavant. La réponse est positive, cette femme vivait ici il y a de cela 3 ans, l’homme remercie et s’en va, tout coïncide, cette femme a bel et bien existé.
L’homme rentre se refaire une tasse de thé, l’homme défie ainsi les règles et les indications de la boite qui mentionnent, de ne pas boire plus d’une tasse par jour et par personne, au risque de ressentir des états de somnolence, un affaiblissement musculaire et des pertes d’attention importantes. L’homme jette la tasse par la fenêtre de l’hôtel et se laisse tomber sur le divan.
L’homme perçoit la dernière femme, celle dont il attendait un enfant. Cette femme l’attend quelque part et patiente qu’on lui redonne vie, que l’homme lui redonne vie. Toutefois la femme dans le programme lui transmet un indice, cet indice est le jour de l’accident à exactement 8 :34. L’homme doit, s’il souhaite modifier les choses, interagir encore une fois à ce moment là. Le reste du temps l’homme et la femme s’aiment et sont du thé. Puis l’homme sort du programme et dort jusqu’au lendemain.
Toute la journée l’homme pense à cette date et à cette heure de l’accident. Pour lui il n’y a qu’une seule chose à faire, revenir dans le programme, dans ce souvenir, sur cette même route et ne pas agir. Ne rien faire et laisser l’accident de la femme se produire. Alors l’homme, en rentrant du travail cette après-midi là, prépare comme à son habitude une tasse de thé, la manipule convenablement et l’envoie par la fenêtre. L’homme se concentre puis s’évanouit.
Voici l’homme dans sa voiture. L’homme se voit assis dans sa voiture, sa voiture garée devant la cabine téléphonique sur la route de l’accident. L’homme après un moment d’hésitation remarque l’horloge de sa voiture reculer minute par minute. Dans un réflexe l’homme s’apprête à démarrer, mais l’homme repose ses bras et attend. Il est 8 :35
L’homme attend toujours impeccablement silencieux et immobile. Le temps passe, 8 :34 puis 33. L’homme à cet instant n’a plus rien à faire dans le programme, l’homme à cet instant n’a plus rien à faire sur cette route. L’homme pense qu’il est du thé. L’homme se réveille, apaisé.


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