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dimanche 23 mars 2008

Trois sachets dans une tasse, d’un seul coup, l’homme avale son thé, corsé, et s’évanouit.
Une main se pose sur son front et disparaît. Une femme l’appelle et disparaît.
Au loin il y a le nom d’une gare, un long couloir, le service des consignes et il se souvient.
Elle, lui remettant une clef avant son départ, le regardant à nouveau et s’en aller. Une simple clef rouge sur laquelle était gravée, une aile en forme de S.
L’homme prend la route, éveillé ou endormi, qu’importe, il prend la route.
Il y a sur sa figure la volonté d’aller jusqu’au bout, il y a aussi cette drôle de sensation que l’on ressent encore et l’on s’imagine en le voyant, que cet homme n’a plus rien à perdre.

Les kilomètres défilent comme le long tracé d’une existence, les rayures blanches ne sont plus que les frontières d’une vie tourmentée. Effet hypnotique sur un temps en distance, ses yeux ne clignent plus et le voilà qui arrive bientôt, dans une petite rue où il a vécu, avant que tout cela ne commence.
Une petite rue où ses jours d’autrefois, ne semblaient pas si mal après tout. Un gentil boulot, une merveilleuse femme, un toit pour vivre et un enfant qui faisait leur joie à tous les deux.
Et puis il y a eu ces rêves, pire qu’une drogue. Des rêves dans lesquels, il essayait sans cesse de retourner. Des rêves de thé, alternant réalité et divagations psychédéliques. Du coup il ne sait plus vraiment, s’il y a bien eu un accident, s’il est vraiment tombé dans le coma ou s’il n’est pas simplement devenu fou. Mais ce qu’il sait plus que tout, c’est qu’il a aimé et qu’il aime toujours et cela l’atteint encore, maintenant.
L’homme se lève, le voilà dans une chambre d’hôtel et l’homme comprend.
Une tasse de thé vide trône sur une petite commode juste à côté du lit et ainsi, après s’être souvenu, il repart en direction de son ancienne habitation, retrouver cette clef, cachée dans le jardin.

De l’autre côté, une femme tente de le joindre.
De cet autre côté, une femme lui envoie un nouveau message et commence à s’inquiéter, aucune réponse, l’ordinateur est éteint. Alors cette femme part de chez elle, prend le métro et attend devant une station de taxi. La voiture de l’homme n’y est pas, encore moins le lendemain, ni le jour suivant. Et nous retrouvons à cet instant cette femme, installée au comptoir d’un bistrot, en train de fumer une cigarette en attendant son verre, avec du noir, qui coule sur ses joues.

L’homme, n’ayant pas envie de voir les nouveaux propriétaires, attend jusqu’à la nuit et récupère avec une chance inouïe, la clef qu’il avait lui-même enterrée puis il file dans l’autre sens, à toute allure sur une autoroute sombre d’impatience mais aussi d’espoirs.
Il se demande jusqu’où cette histoire va désormais le mener, mais il souhaite absolument connaître la vérité par n’importe quel moyen et faire revenir à lui, des instants qu’il pense avoir oublié.
Le jour se lève quand il arrive enfin, devant un casier portant le numéro 63 dans une gare encore endormie. La clef se glisse parfaitement dans la serrure et la porte s’ouvre doucement. A l’intérieur il y a un simple bout de papier. Sur ce bout de papier il y a un message dont l’inscription mentionne : « emmoh lieiv ed licruos »
Voilà tout ce que sa femme ou plutôt son ex-femme lui a laissé. L’homme pense savoir de quoi il retourne et tout d’un coup, cela lui revient très nettement à la mémoire. La femme fait référence à un marchand ambulant que l’on croise de temps à autre à la sortie du métro. Cet homme se nomme Chun Mee et distribue des boissons chaudes pour deux fois rien. Voici donc la prochaine étape.

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